Allez hop ! V'la la suite ! =p
Chapitre 2 : Rouge comme la Trahison.
Ce bruit... Cette fraîcheur... Il pleut ?
Angelina resserra la couverture vers elle, recroquevillant ses jambes près de son buste. Ce bruit lui donnait envie de rester au lit toute la journée, à étudier continuellement une journée de plus. Mais c'était sans compter sur sa sœur...
"- An ? Réveilles-toi, An. Allez, debout...
- Mmm..."
La jeune rousse se retourna et tira encore plus le drap. Désormais, on ne voyait que quelques mèches de cheveux d'un rouge brûlant dépasser du blanc tissu. La blonde la secoua avec un peu plus d'insistance.
"- An, s'il te plait. Lève-toi.
- ... Oui."
Elle a dit cette phrase avec une voix tellement triste... Je ne peux pas rester dans mon lit sans rien faire.
Elle se releva doucement sur son lit et se frotta les yeux. Elle tourna alors ses yeux vers sa sœur adorée... En pleurs. Surprise, An la prit instinctivement dans ses bras.
"- Rachel, qu'est-ce qui t'arrive ?
- C'est Edward, il... Il...
- Qu'est-ce qu'il t'as fait, cet idiot ?"
La belle blonde entoura le cou de sa jeune sœur de ses bras blancs.
"- Il a rompu les fiançailles, finit-elle par dire entre deux sanglots.
- Non mais quel sans-cœur !"
Elle resta un long moment à lui caresser tendrement ses cheveux cendrés, tandis que Rachel laissait couler ses larmes sur la jeune épaule d'Angelina.
"- Ce n'est rien, Rachel. Tu devrais l'oublier, cet Edward...
- Mais...
- Il n'y a pas de mais ! C'était un parfait idiot qui n'en avait qu'après l'acquisition du manoir. Il ne te méritait pas, mais alors pas du tout...
- Tu... Tu crois ?
- Bien sûr ! Tu es tellement belle, douce et gentille, Rachel... Tu n'auras aucun mal à trouver un époux tout aussi beau, doux et gentil que toi."
La belle blonde regarda tendrement sa sœur, puis lui sourit en essuyant ses larmes du revers de sa manche.
"- Tu as raison, An. Je devrais arrêter de m'apitoyer sur mon sort et l'oublier... Merci.
- Ah !"
Elle l'embrassa gentiment sur la joue, laissant une trace de son rouge à lèvres d'un rose pâle.
"- Allez marmotte ! Dépêche-toi de t'habiller !
- Oui, oui !" fit-elle d'un ton amusé.
Elle lui lança un oreiller pour l'inciter à sortir de sa chambre, et en serra un contre sa poitrine lorsqu'elle s'allongea sur le dos. Elle passa deux doigts sur sa joue, là où il y avait encore la trace du rouge à lèvres.
Rachel... Oui, tu mérites bien mieux que cet Edward... De toute façon, je ne laisserai une personne telle que lui t'éloigner de moi ! Non, jamais, je te le promets. Ma Rachel adorée...
Ce matin-là, Angelina prit un peu plus de temps à choisir sa toilette. Elle appréciait de plus en plus la couleur rouge semblable à sa chevelure ardente. Et lorsqu'elle ouvrit en grand son placard, une chose la frappa : elle n'avait qu'une seule robe rouge ! Prise de courage, et pour lui faire changer les idées, elle demanda à sa sœur de l'accompagner acheter de nouvelles tenues, qui accepta de bon cœur. Les deux jeunes filles passèrent l'après-midi à courir les boutiques de Londres en recherches de toilettes et de parures couleur rubis.
"Dis Rachel, tu crois que si je me coupe la frange, ça irait ?"
La rousse lui avait posée cette question dans la diligence, sur le chemin du retour.
"- Bien sûr ! Comme ça on pourra mieux voir tes beaux yeux, An.
- Alors... Tu voudra bien me la couper ?"
Face à cette demande, son interlocutrice ne put que lui sourire. Un de ces sourires emplis de mystère et de gentillesse.
"Mais oui, je veux bien !"
Et à peine rentrées chez elles, les deux sœurs déposèrent leurs paquets sur le lit, prirent une paire de ciseaux dans le tiroir et se placèrent devant le miroir de la chambre.
Je vais couper ma frange... Cela va faire bizarre de le plus l'avoir devant les yeux quand je vais lire ! Mais si je le fait, c'est pour moi... Et pour lui...
En quelques coups de ciseaux, les mèches de son front se sont raccourcies. Quelques filaments rouges coloraient le sol au niveau des pieds d'An. Elle observa son reflet.
Oui, ce rouge... Il me va bien !
Deux jours plus tard, un invité de marque se présenta au manoir, un invité qu'Angelina connaissait...
"- Bonjour Comte de Phantomhive ! fit-elle d'un air enjouée.
- Bonjour An. Tiens, tu as mis une robe rouge aujourd'hui ? lui demanda-t-il en souriant.
- Oui.
- Elle te très bien, An. Tu devrais mettre du rouge plus souvent.
- Oui !"
Il suivit le père de la jeune rousse dans son bureau, comme à son habitude. Car cela faisait un moment que le Comte de Phantomhive venait au manoir. Et depuis ce jour, Angelina ne cessa de porter du rouge à chacune de ses visites. Un soir, alors que le Comte avait travaillé tard avec leur père, il fut invité par celui-ci à rester dîner. Rien que cette phrase, lorsque son père l'en informa, la fit bondir de joie dans sa chambre.
Je vais passer la soirée en sa compagnie ! Oh ! Il faut que je me remaquille un peu, et puis que je réarrange ma coiffure... Et pourquoi ne pas changer de robe, mettre celle avec la dentelle au niveau du col ? Avec les petites chaussures vernies...
Comme une petite fourmi ouvrière, elle s'activa à sa préparation. Elle passa devant son miroir et s'arrêta un instant, une robe à la main.
C'est drôle... Dire qu'il y a quelques semaines, je détestais la couleur pourpre de mes cheveux. Et maintenant, regardez-moi ! Je ne fais que porter du rouge ! Mais si c'est pour avoir des compliments de sa part... Oui, maintenant j'adore le rouge. Et je l'adore, lui...
A peine eut-elle pensé à l'élu de son cœur qu'elle s'empourpra face à son reflet. Elle passa une main sur sa joue.
Il a raison. Cette couleur me va parfaitement.
Le dîner se passa sans encombre. Parmi tout cet amalgame de pâles couleurs, An se démarqua fortement. Le rouge qu'elle arborait sans cesse plu au Comte, qui la complimenta durant toute la soirée. Cependant, il ne fallait pas qu'elle oublie ses études. Certes, elle passait un peu moins de temps à lire depuis qu'elle l'avait rencontré mais elle n'oublia pas sa sœur et sa fragile santé. C'est pourquoi, vers dix heures du soir, elle prit congé du comte et se rendit dans sa chambre. Elle ferma la porte et se jeta sur son lit. Elle venait encore de passer un bon moment en sa compagnie. Elle se démaquilla, défit ses cheveux et mit une chemise de nuit avant de rentrer dans les draps, un livre épais à la main. Ce fut à la lueur d'une bougie qu'elle entama l'ouvrage. Elle veilla tard ce soir-là, la flamme vacillante faisant fondre rapidement la cire qui l'entourait. Elle bailla et s'apprêta à aller se coucher quand la porte de la chambre s'ouvrit.
"- Tu ne dors pas encore, An ?
- Non."
La belle blonde vint s'assoir à côté de sa sœur.
"- Dis-moi An, tu as l'air de bien apprécier le Comte de Phantomhive ?
- Oui, je l'apprécie... Mais pourquoi cette question ?
- Oh et bien..."
Elle lui pinça les joues et les étira de chaque côté.
"- Tu rayonnes quand il est là !
- Ché vrai ?
- Oui. Depuis que Père nous a présentées à lui, tu as l'air d'avoir plus confiance en toi.
- C'est un mal ? lui demanda la rousse d'un air innocent, tout en se massant la joue gauche.
- Oh non, au contraire !"
La grande sœur prit An dans ses bras et la serra fort.
"- Tu as l'air plus épanouie et plus heureuse. C'est tout ce que je souhaite pour toi : le bonheur.
- Rachel..."
Elle lui rendit son étreinte.
Tu penses toujours à moi, alors que ta santé est si fragile... Oh Rachel, grande sœur, tu ne peux pas savoir à quel point je...
L'ingénue à la chevelure cendrée se releva et caressa la joue de la jeune rousse tendrement.
"Dors bien, mon Angelina adorée...".
Elle tourna les talons, la laissant se blottir dans les couvertures. Elle lui adressa un dernier regard, un doux regard, et referma la porte sur son passage.
Le comte de Phantomhive était de plus en plus présent au manoir, et il ponctuait chacune de ses visites d'un compliment envers Angelina. Et pourtant, un jour...
"- Mademoiselle ! Le Comte de Phantomhive est là !
- Oui ! J'arrive !"
Elle réajusta les derniers plis de sa robe, se repoudra un peu le visage et se dirigea vers un petit salon.
Je me demande s'il va me faire encore un compliment aujourd'hui ? Et lequel ce sera ! Je suis impatiente de savoir !
C'est avec une mine réjouie qu'elle pénétra dans la pièce. Ce qu'elle vit la surprit : sa sœur se tenait à côté du Comte et lui prenait le bras.
"- Rachel... ?
- Ah te voilà enfin, An !
- Oui. Mais qu'est-ce que...
- An, nous avons une grande nouvelle à t'annoncer !"
Son rythme cardiaque s'accéléra. Ses mains tremblaient légèrement d'appréhension. Elle se douta de l'annonce.
" An, le Comte de Phantomhive et moi..."
Elle sentit ses jambes défaillir mais resta debout, envers et contre tout.
"... Nous allons nous marier !"
Ses oreilles bourdonnèrent. Sa vision se troubla légèrement, ne percevant que ces deux êtres d'une beauté céleste. Ces deux êtres, qu'elle chérissait tant, allaient s'unir pour l'éternité. Elle leur adressa un sourire maladroit, passa quelques instants avec eux puis sortit de la salle. A peine eut-elle fermé la porte qu'elle couru dans sa chambre et verrouilla la porte. Ainsi seule, elle se laissa glisser lentement le long du bois, laissant ses larmes couler.
Pourquoi ?! Pourquoi ma sœur adorée ?! Pourquoi lui ?! Je... Pourquoi ne m'a-t-il pas choisi moi ?! Il s'est servi de moi comme d'un simple objet ! Il... Je le hais ! Je le hais ! Je le hais !!
Son poing martela le sol à ces pensées. Ses yeux humides ne tarissaient pas, emportant le maquillage le long de ses joues.
Je le hais ! Je le hais !! Et elle, ma sœur, elle qui me comprend si bien... Pourquoi m'a-t-elle fait ça ?! J'avais confiance en elle, je l'aimais ! Et maintenant...
Elle s'arrêta un instant.
Et maintenant ? Oui, je l'aime... Je l'ai toujours aimé, ma sœur... Je ne peux pas la haïr pour ça, pas elle...
Elle se releva et se dirigea vers la coiffeuse, devant lequel s'entreposaient rouge à lèvres, fard à paupières, fard à joue et autre maquillage. Elle s'assit lourdement sur la chaise et regarda son reflet dans le miroir.
Non, je ne peux pas la haïr. Mais lui... Lui qui m'a fait aimer la couleur rouge de mes cheveux, je... Je...
Elle épongea les dernières larmes qui roulaient sur son visage et essuya le maquillage coulé. Elle poussa un long soupir fébrile.
Cela ne m'étonne pas qu'il ne m'ait pas choisi... Non mais regarde-toi Angelina ! Tu es pathétique ! Tu accuses les autres, mais le problème c'est toi ! Si faible, à rejeter la faute sur ces deux-là... Je ne devrais pas faire ça... Mais ils vont se marier, eux... Lui...
Elle renversa sur le sol tous les produits du revers de sa main et se jeta sur son lit. Elle alla enfouir son visage dans un oreiller, étouffant ses pleurs. Elle resta ainsi pendant le reste de l'après-midi. Le soir, elle n'assista pas au souper, prétextant une migraine passagère. Les domestiques tambourinaient à la porte, et même son père commençait à s'inquiéter. Mais elle nia et leur assura que tout allait bien. Dans la chambre, les rideaux étaient tirés, la robe pourpre jetée vulgairement sur une chaise, et une ou deux bougies brûlaient d'un coin à l'autre de la pièce. An était restée sur son lit, en chemise de nuit, fatiguée de laisser couler ses larmes. Elle ne dormait pas. Ses yeux fixaient un point loin dans la sombre pièce. Une main vint doucement toquer à sa porte.
"An ? C'est moi."
Rachel ? Non, s'il te plait, ne viens pas...
"Tu te sens bien ? Tu veux que je vienne ?"
Elle pressa un peu plus l'oreiller contre son visage.
"S'il te plait, An. Ouvre-moi, je veux te parler..."
Le ton suppliant de sa sœur adorée eut raison d'elle une fois de plus. Elle se leva péniblement et déverrouilla la porte. Elle l'entrebâilla, ne laissant apparaitre que le visage fermé et inquiet de la belle blonde.
"- An... Tu vas bien ? Tu n'es pas sortie de ta chambre depuis que je t'ai annoncé mon mariage cet après-midi...
- Ca n'a rien à voir, j'ai juste eu une migraine subite...
- Tu en es sûre ?"
La jeune rousse baissa les yeux. Elle invita sa sœur à rentrer en délaissant la porte et en s'asseyant nonchalamment sur son lit. Rachel ferma la porte et s'installa à côté d'elle.
"- Qu'est-ce qui ne va pas ?
- Je...
- Est-ce que... Est-ce que ça a un rapport avec le Comte de Phant...
- Non ! Pas du tout !"
Elle s'était emportée, et s'en rendit compte immédiatement. Elle prit un oreiller et le serra contre elle.
"- An, explique-moi. Tu sais que je n'aime pas te voir ainsi...
- Rachel..."
Tout ce qu'elle avait sur le cœur, toute sa rancune et son désespoir choisirent d'éclater à cet instant.
"- Tu vas te marier, Rachel ! Te marier avec lui ! Et moi qui pensais que tu me comprenais, toi ma sœur. Mais quelle idiote j'ai été ! Moi qui souhaite tant te guérir, tu décides d'aller vivre avec lui ! Et en plus, tu m'annonces ça de but en blanc ! Tu aurais pu m'en parler. Tu aurais pu me faire part de ce que tu ressentais pour lui, j'aurais parfaitement compris... Mais non ! Pourquoi, Rachel ? Dis-moi pourquoi tu vas te marier avec lui ?!
- An..."
Elle fondit en larmes après ces dures paroles et se blottit contre la blonde candide. Cette dernière passa une main dans son dos, une autre dans ses cheveux d'un rouge flamboyant. Elle tenta de calmer sa jeune sœur en la berçant d'avant en arrière, la tête délicatement posée sur la sienne. Elles restèrent un petit moment ainsi, le temps qu'An reprenne ses esprits.
Lorsque ce fut le cas, elle lui prit le visage entre ses deux mains délicates et la regarda droit dans les yeux.
"- An, tu m'adores et je t'adore aussi, plus que tout. Moi aussi cela me rend triste de partir et te laisser seule. Mais un peu seulement, parce que je sais que tu as beaucoup mûri dernièrement. Un jour, toi aussi tu te marieras avec un homme que tu aimeras plus que tout...
- Non ! Il n'y a que toi que j'adore plus que tout, Rachel !
- An, laisse-moi finir s'il te plait...
- Je ne veux pas que tu partes !"
L'aînée lui souria.
"Tu n'as pas à t'inquiéter, An. Si tu le souhaites, tu pourras venir me voir tous les jours. Je ne pense pas que cela le gênera... Et s'il se passe quoi que ce soit, tu pourras toujours m'appeler."
Ces paroles ne semblaient pas l'avoir convaincue.
" An, si tu m'aimes à ce point, tu devrais être heureuse pour moi. Pour nous deux. Si tu nous adores vraiment, souhaites-nous une vie pleine de bonheur."
Ces mots la touchèrent. Elle la regarda, à la fois incomprise et désolée. Rachel posa alors doucement ses lèvres sur les siennes. Elle voulait lui faire comprendre que cet amour fraternel qui les unissait l'une à l'autre, rien ne pourrait le céder ni le remplacer.
Deux mois plus tard, les cloches de l'église londonienne résonnèrent dans toute la ville. Parmi la populace spectatrice se tenait, au premier rang, une femme toute de rouge vêtue. Le sourire aux lèvres, c'était la première à acclamer l'union du couple. La gaité se lisait sur ses lèvres pourpres.
Et le temps passa. Le mariage fut consommé, et un heureux événement se faisait attendre. Le jour arriva où l'enfant fit ses début dans ce monde.
"- Poussez madame !
- Allez Rachel, pousse encore un peu ! Je vois sa tête...
- Aaaahhh !"
Les cris cristallins d'un nourrisson remplirent la pièce. La sage-femme prit l'enfant, le lava et l'emmitoufla dans un linge propre.
"- Madame, vous avez là un beau garçon !
- Quelle joie... Il a bien voulu naitre... "
Tant qu'ils étaient heureux, ma sœur et mon beau-frère adorés, j'étais heureuse.
"- An, prends-le dans tes bras. C'est ton neveu !
- ...Oui."
J'aurais dû être heureuse pour eux. J'aurais dû...
"- Il est vraiment mignon...
- Oui, j'en suis fière."
Mais cet enfant, celui de ma sœur et de l'homme que j'aimais tant...
"- Dis An, quand il sera grand, tu joueras beaucoup avec lui. D'accord ?
- Oui !"
Elle tendit le bébé à sa mère.
" Regarde ! Il a le nez de son père!"
Cet enfant, le fruit de leur union... Leur union, aux deux êtres que j'aime plus que tout...
Angelina sentit le monde s'écrouler sous ses pieds à la seule vue de ce petit être innocent.